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Comment gérer ta langue construite dans ton récit ?

Eh non, ce n’est pas moi qui vous présente un article cette semaine, mais une collègue que j’ai eu la chance de connaître sur le Web : Nolwenn Prod’homme. Nolwenn, c’est celle qui est derrière les ateliers d’écritures d’Anim’autrice, mais aussi celle qui organise des séances de coworking en ligne. C’est d’ailleurs durant l’une de ces séances qu’est née l’idée d’écrire un article sur le blogue de l’autre.

Sans plus attendre, voici les conseils de Nolwenn sur la gestion des langues construites dans ton récit. 😉

Tes personnages parlent-ils une autre langue ? Peut-être une langue fictive, ou conlang, que tu as inventée pour  ton univers ?

Mais construire ta langue n’est que le début ; il reste encore à savoir comment l’utiliser dans ton récit…

Quand les personnages parlent une langue fictive

Par convention, on admet généralement que le texte – dont les répliques des personnages – est traduit dans la langue du lecteur. Il n’est donc pas forcément nécessaire d’inventer de A à Z la langue de ton monde, surtout si tous les personnages parlent la même.

Il peut être intéressant quand même d’utiliser des mots ou expressions de ta conlang pour aider le lecteur à s’immerger dans l’histoire. Garde à l’esprit cependant que le lecteur peut avoir du mal à mémoriser trop de mots inventés ; il faut donc garder l’équilibre.

Mon conseil, c’est de réserver les mots inventés à certains cas particuliers :

Des termes spécifiques à la langue ou à l’univers

Concrètement, si ça ressemble à un canard, ça cancane comme un canard, ça a le goût du canard, bref, ce n’est ni plus ni moins qu’un canard, n’appelle pas ça un gozub.

En revanche, si ton canard a la particularité de pondre des œufs en or ou d’exaucer des vœux, on s’éloigne de la conception classique du canard ; il peut donc être pertinent d’utiliser un autre mot.

Des mots qui reviennent plusieurs fois dans le récit

Typiquement, il va s’agir des salutations (pense au « Ave » qu’on retrouve dans tout ce qui se passe à l’époque gallo-romaine), des formules de politesse, peut-être quelques insultes ou surnoms. Bref, des mots dont la principale utilité dans le récit va être de donner une ambiance, une « couleur locale ».

Dans tous les cas, il va être important d’aider rapidement le lecteur à cerner ce que désigne le mot inventé, soit en donnant directement une définition ou une description, soit par le contexte.

Quand les personnages parlent des langues fictives différentes

Si plusieurs langues se côtoient dans ton univers, leur gestion va devenir un peu plus complexe, notamment lors des dialogues. En pratique, tu as plusieurs options :

Si tu ne veux PAS utiliser l’autre langue

Que tu préfères ne pas passer des heures à construire une (ou plusieurs) langue pour ton récit, ou que tu craignes que l’intégrer dans le texte ne le rende trop fastidieux à lire pour le lecteur, tu peux tout à fait t’en sortir en écrivant l’intégralité du texte en français.

Le discours indirect

L’une des solutions consiste à ne pas écrire les répliques, mais plutôt à en donner la teneur dans la narration.

Dans son pareto hésitant, Bob expliqua aux touristes comment atteindre leur destination.

Le « doublage »

Simple comme bonjour : il s’agit d’écrire toutes les répliques en français, et de préciser que la réplique a été prononcée dans une autre langue.

 « Vous allez tout droit, et vous tournez à la deuxième à droite », expliqua Bob aux touristes en pareto.

Si tu VEUX utiliser l’autre langue

Cette fois-ci, tu écris les répliques dans la langue dans laquelle elles sont prononcées. (C’est là que tu  peux montrer tout le travail que tu as réalisé en inventant ta conlang !)

Les « sous-titres »

Il s’agit tout simplement d’écrire la réplique, puis de fournir la traduction.

Différentes options sont possibles pour cela : notes de bas de page, traduction dans la narration juste après la réplique, etc. Tu peux même avoir un personnage qui se charge de traduire.

 « Bla bla blabla, blabbla bla, bla1 », expliqua Bob aux touristes.

1 Vous allez tout droit, et vous tournez à la deuxième à droite.

J’ai vu aussi passer des lexiques en fin de livre, mais je ne recommande pas cette option, car elle oblige le lecteur à naviguer entre les pages. Plus le lecteur aura d’efforts à fournir pour trouver la traduction et retourner au texte, plus il risque de décrocher du récit.

Le contexte

Selon le contexte, il peut être possible pour le lecteur de deviner l’essentiel du sens de la réplique. Le langage non verbal, le ton employé peuvent permettre de reconnaître facilement des insultes, des appels à l’aide ou des mots doux, sans avoir besoin d’en connaître le détail exact.

« Bla bla blabla, blabbla bla, bla », expliqua Bob aux touristes tout en pointant sur leur carte et en faisant de grands gestes vers la route puis en direction de la droite.

Les réactions, réponses ou réflexions du personnage peuvent aussi donner des indications sur ce qui a été exprimé dans une réplique.

« Bla bla blabla, blabbla bla, bla », expliqua Bob.

Martine fronça les sourcils. Mais non, il fallait prendre à gauche, pas à droite ! Bob allait perdre ces pauvres touristes si elle n’intervenait pas.

Comment choisir entre ces différentes options ?

Déjà, garde à l’esprit que tu n’es pas obligé de te limiter à une seule ; tu peux opter pour celle qui est la plus pertinente pour chaque scène.

Je te conseille quand même de déterminer d’abord quelles langues seront « doublées » ou non et de t’y tenir, car trop de variations sur ce point peuvent entraîner de la confusion. Vois combien de répliques sont concernées sur l’ensemble du livre. S’il y en a beaucoup, l’utilisation de ta conlang pourrait alourdir la lecture pour le lecteur.

Ensuite, pour choisir la meilleure option pour chaque scène, pose-toi ces questions :

Avec ces quelques éléments, tu es maintenant paré pour utiliser ta langue fictive dans ton récit !

À propos de Nolwenn Prod’homme

Passionnée par les mondes imaginaires et l’époque victorienne, Nolwenn Prod’homme écrit depuis toujours. En 2022, elle a publié son premier roman, Le frère des lions (tome 1 de Zoocratie), de la science-fiction pour les enfants de dix ans et plus. Elle anime également des ateliers d’écriture pour les auteurs débutants et les familles.

Elle propose notamment du CoWriting : des séances d’écriture en visioconférence, entièrement gratuites, pour se motiver à écrire et faire connaissance avec d’autres auteurs. N’hésite pas à te joindre à ces séances de CoWriting ! Rends-toi sur https://animautrice.com/cowriting/ pour plus d’infos.

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