D’abord apparue en Europe dans le milieu de la peinture, l’expression « réalisme magique » sera importée par la littérature latino-américaine pour représenter les aspects magiques de la banalité. Mais comment la magie se manifeste-t-elle dans ce genre littéraire?

À travers différents exemples d’œuvres célèbres, je vais mettre en évidence trois caractéristiques importantes du réalisme magique.

La fusion de la réalité et de la magie

Dans une œuvre de réalisme magique, univers réaliste et magie sont entremêlés sans que les personnages se posent de questions. C’est le cas de Cent ans de solitude, œuvre importante de Gabriel García Márquez, dans lequel le village imaginaire de Macondo est visité par des gitans, qui apportent des objets extraordinaires. À cela s’ajoutent également d’autres phénomènes, comme la peste de l’insomnie, la peste de l’oubli ainsi que la prophétie de Melquiades, qui condamne la famille Buendía à vivre cent ans de solitude.

Un autre exemple de réalisme magique se trouve dans le roman La Maison aux esprits d’Isabel Allende. Cet ouvrage a plusieurs points en commun avec Cent ans de solitude, dont celle de décrire l’histoire d’une famille sur plusieurs générations (les Trueba cette fois-ci) dans un contexte sociopolitique propre à un pays (la Colombie pour García Márquez et le Chili pour Allende). Toutefois, La Maison aux esprits comporte d’autres éléments surnaturels qu’il peut être pertinent d’afficher ci-dessous un extrait :

Les fleurs ne parvenaient pas tenir jusqu’à la nuit tombée, car la grosse voix de tonnante d’Esteban Trueba et ses coups de canne avaient le don de terroriser la nature. Sur son passage, les animaux domestiques fuyaient, les plantes se recroquevillaient. Blanca faisait pousser un gommier apporté du Brésil, arbuste malingre et timoré dont la seule grâce tenait à son prix: on le vendait à la feuille. Lorsqu’on entendait le grand-père arriver, celui qui se trouvait à proximité courait mettre le gommier en sûreté sur la terrasse, car à peine le vieillard était-il entré dans la pièce que l’arbuste laissait pendouiller ses feuilles et se mettait à exsuder par sa tige un pleur blanchâtre comme des larmes de lait.

Les éléments surnaturels en tant que métaphores

L’une des caractéristiques du réalisme magique est l’utilisation des éléments surnaturels, notamment pour décrire sous un nouvel angle une réalité existante. La nouvelle La Bibliothèque de Babel, écrite par Jorge Luis Borges, décrit une bibliothèque de taille gigantesque qui contiendrait tous les livres déjà écrits ainsi que ceux à venir. Il s’agirait d’une métaphore de la littérature, qui a entre autres inspiré la bibliothèque du monastère dans Le Nom de la rose d’Umberto Eco.

Une réalité influencée par la tradition orale

Dans les œuvres de réalisme magique, l’univers des personnages est imprégné par la tradition orale, que ce soit par les légendes, les mythes ou les contes populaires. Ce qui semble le cas du Labyrinthe de Pan, film de Guillermo del Toro, dans lequel nous retrouvons des créatures comme un faune et des fées, mais aussi des épreuves que l’héroïne, Ofelia, doit réussir afin de retrouver ses vrais parents. D’ailleurs, l’une des sources d’inspiration de ce film serait Fictions, recueil de nouvelles de Jorge Luis Borges.

Comme tu peux le constater, il est difficile de décrire ce qu’est le réalisme magique. Toutefois, contrairement à la littérature fantastique, où le surnaturel provoque une réaction de refus, de rejet ou de peur chez les personnages, le surnaturel du réalisme magique est accepté, voire banalisé. C’est un autre élément important à tenir en compte si tu désires écrire dans ce genre littéraire.

Sur ce, bonne création! 😀

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