Tes personnages savent-ils lire et écrire? Si oui, s’agit-il de compétences communes ou rares dans ton monde fictif? Le taux de littératie, ou d’alphabétisation, peut avoir une influence sur la culture littéraire ou scientifique de tes civilisations. En effet, plus le niveau est élevé, plus les connaissances ont de meilleures chances de voyager d’une personne à une autre.
Bien entendu, les connaissances peuvent aussi se transférer d’une personne à une autre par la tradition orale, mais un livre imprimé à plusieurs exemplaires peut diffuser la connaissance plus rapidement et plus longtemps, à la condition qu’il soit bien préservé. Afin de déterminer si tes civilisations ont un niveau élevé ou non de littératie, voici six facteurs pouvant jouer un rôle déterminant dans le partage des connaissances.
L’accès à l’éducation
Tout d’abord, le taux de littératie est influencé par la facilité à être éduqué. Qui a accès à l’éducation dans ton univers fictif? Tout le monde? Ou seulement une partie de la population? Dans ce dernier cas, cela peut être un accès garanti uniquement aux classes sociales supérieures. Par exemple, dans l’univers de Dragon Age, les nains n’appartenant pas à une caste sont considérés comme des parias, donc incapables de recevoir une éducation.
Parfois, l’accès à l’éducation peut être une question de genre. Ainsi, dans La Servante écarlate de Margaret Atwood, les femmes n’ont le droit de lire ni d’écrire. Dans ce cas précis, c’est aussi une question politique, appuyée par un système oppressif.
Le niveau socioéconomique
Le taux de littératie dépend également du niveau socioéconomique des populations. En effet, plus celles-ci ont un faible revenu, plus ils éprouvent de la difficulté à accéder à des opportunités d’apprentissage. Par exemple, dans une situation où une famille survit uniquement grâce aux produits de leur ferme (légumes, œufs, viande, etc.), les parents vont probablement garder leurs enfants pour travailler la terre plutôt que de les envoyer à l’école.
Dans d’autres cas, l’éducation est considérée comme un luxe, réservé aux personnes les mieux nanties. Dans Le Nom du vent de Patrick Rothfuss, Kvothe, personnage principal ayant vécu dans la pauvreté, doit se débrouiller pour payer les frais de scolarité de l’Université, lieu reconnu pour son enseignement de la magie.
La langue maternelle
La langue maternelle, c’est-à-dire la première langue apprise par un enfant, peut jouer un rôle important dans la littératie. À titre d’exemple, un enfant réfugié dans un autre pays peut maîtriser parfaitement sa propre langue, mais s’il ne sait lire ou écrire dans la langue de son pays d’accueil, cela peut lui nuire dans son accès à l’éducation.
Parfois, l’accès au savoir ne dépend pas de la maîtrise d’une langue vernaculaire, mais d’une langue universelle. Au Moyen Âge et à la Renaissance, le latin était la langue du savoir, permettant ainsi le transfert des connaissances à travers l’Europe. Fait intéressant, le philosophe René Descartes a d’abord publié son Discours de la méthode en français plutôt qu’en latin afin qu’il soit compris par un public plus large, les femmes n’ayant pas accès à une instruction latine.
La culture
La littératie d’une civilisation peut aussi être liée à la valeur accordée à l’éducation et à la maîtrise d’une langue. Par exemple, un peuple nomade qui ne cesse de se déplacer au rythme des migrations de leurs proies préfère probablement voyager léger, ce qui peut signifier ne pas vouloir s’encombrer de livres. Ainsi, l’endurance physique serait privilégiée plutôt que la capacité à lire et à écrire.
L’éducation peut même être considérée comme une chose farfelue, voire néfaste. Dans le Cycle de Terremer d’Ursula K. Le Guin, on apprend que les Kargades, un peuple à la tête d’un empire, évitent l’usage de l’écriture, considérant cette pratique comme maléfique.
Les politiques gouvernementales
Les gouvernements ont également un rôle à jouer dans la littératie. Prenons le cas du système éducatif français, qui a connu plusieurs évolutions à travers son histoire. Par exemple, dans les années 1880, les lois Jules Ferry ont permis de rendre l’école gratuite et l’instruction primaire obligatoire, mais aussi de laïciser l’enseignement public.
Du côté de la fiction, Kazuya Souma, personnage principal de la série de light novels How a Realist Hero Rebuilt the Kingdom, instaure plusieurs changements en tant que roi. Parmi ces changements, il y a la création d’une école destinée à améliorer les compétences de ses sujets, considérant qu’environ 30 % d’entre eux savent écrire.
Les technologies de l’information et de la communication
Par technologies de l’information et de la communication, on peut penser à l’accès à l’Internet, mais il y a plus que ça. À titre d’exemple, la présence d’une bibliothèque publique favorise non seulement l’alphabétisation, mais aussi la préservation du patrimoine culturel.
En fait, la technologie elle-même peut contribuer à la littératie, en augmentant la production de livres par exemple. Dans, La Petite Faiseuse de livres, Maïn se sert des connaissances de sa vie antérieure afin de produire des livres, et ce, malgré les aléas de sa classe sociale et de sa condition physique. Ainsi, à force d’essais et d’erreurs, elle finira par produire un type de papier idéal pour ses créations.
Et voilà! Comme tu peux le constater, il existe différents facteurs pouvant expliquer le taux de littératie de tes civilisations. Plus ce taux est faible, plus tes populations auront de la difficulté à communiquer des idées complexes, à moins qu’ils aient développé un système de communication ne reposant pas sur l’échange de lettres. Après tout, être illettré ne signifie pas un manque d’intelligence, mais il faut avouer qu’il est bien pratique d’archiver ses connaissances sur un quelconque support.
Sur ce, bonne création! 😀
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