Imagine la situation suivante : afin de trouver une information cruciale à sa quête, ton personnage principal doit effectuer une recherche dans une bibliothèque. Or, avant de te lancer dans la description de la bibliothèque, il peut être intéressant d’avoir une idée du processus de création des livres dans ton univers fictif. Car s’il faut des mois, voire des années pour créer un livre, il devient plus difficile d’expliquer l’existence d’une bibliothèque immense sans tomber dans des erreurs d’incohérence.

Voici quelques questions pour guider ta réflexion.

Quel est le matériel principal de tes livres?

Par matériel principal, je parle bien entendu du support physique de l’écriture, qu’on a déjà exploré dans un article antérieur. À ce sujet, le parchemin et le papier sont de bons candidats pour les livres. Alors que le parchemin est très résistant, le papier, de son côté, est plus économique, puisque ce dernier peut être fabriqué à partir de différents matériaux : bois, chanvre, lin, tissus recyclés, etc.

En plus d’avoir une influence sur le coût, le matériel d’un livre peut aussi avoir une influence sur les sujets qui sont traités. Par exemple, les « pulp magazines », magazines dans lesquels on retrouvait des récits de fiction, étaient de piètre qualité matérielle en raison de la qualité de la pâte utilisée pour produire le papier, soit des résidus de fibres de bois (woodpulp). Malgré tout, les pulps ont connu un grand succès dans les années 1930 et 1940.

Quelle est la méthode d’impression de tes livres?

Il y a plusieurs manières d’appliquer des mots sur tes livres. Il y a la manière manuelle, avec les copistes, qu’ils soient religieux ou laïcs. Et il y a la manière technologique, avec entre autres la presse typographique de Johannes Gutenberg.

À elle seule, l’histoire de l’imprimerie est fascinante. Dès le VIIe siècle en Chine, la xylographie permettait de reproduire une image avec la technique de la gravure du bois. Beaucoup plus tard, au XIXe siècle, la presse rotative permettra d’augmenter la vitesse d’impression, mais aussi d’imprimer les deux côtés du papier en un seul passage. En d’autres termes, créer plus de livres et de journaux pour une population de plus en plus instruite.

Existe-t-il des illustrations dans tes livres?

S’il existe des illustrations dans tes livres, de quelle manière sont-elles réalisées? Est-ce des enluminures, créées à la main? Ou des estampes, résultats de procédés tels que la xylographie, la linogravure ou l’impression en creux? Quoiqu’il en soit, n’oublie pas de tenir compte des couleurs utilisées dans tes illustrations. En effet, selon les ressources disponibles dans ton monde fictif, certains pigments seront plus rares que d’autres.

À quoi ressemble la reliure de tes livres?

Bien entendu, après l’impression et l’illustration de tes livres, il faut assembler tout ça! C’est l’étape de la reliure, qui comprend entre autres la couture des cahiers avec des nerfs de bœuf ou des ficelles de chanvre. Pour la couverture, les artisans peuvent faire usage de différents matériaux, comme le bois, le cuir ou le carton (pour des livres bon marché). Certaines couvertures peuvent même devenir de véritables objets d’art, incrustés d’or ou de pierres précieuses. Naturellement, ces livres aux couvertures majestueuses seront réservés à l’élite ou à des collectionneurs.

Quel rôle la censure joue-t-elle dans la création de tes livres?

Si on se fie à l’histoire de notre monde, il est fort possible que la censure ait son mot dans la création des livres de ton univers fictif. Par exemple, dans l’histoire de la censure en France, le roi François Ier a promulgué un édit contre les imprimeurs insoumis, interdisant toute impression de livres sur son royaume. Une mesure cependant inefficace, entre autres en raison de la contrebande de livres imprimés dans les États protestants voisins.

Un autre exemple de censure peut être le contrôle de l’accès aux livres. Ainsi, l’Enfer était une section d’une bibliothèque où se trouvent des livres dont la lecture est interdite au public. Seule une autorisation des autorités religieuses ou civiles permettait d’y avoir accès.

Comme tu peux le constater, plusieurs aspects techniques, mais aussi sociaux sont à considérer dans la création de livres. Bien sûr, tu peux envisager la production de livres autrement, par exemple en incorporant la magie dans le processus. Par exemple, s’il est possible de remplacer les copistes par des plumes activées par un simple sort, il y a de fortes chances que le livre à copier soit produit plus rapidement, favorisant ainsi un plus grand taux de littéracie dans tes civilisations. En d’autres termes, des populations mieux instruites et prêtes à dévorer de plus en plus de livres.

Sur ce, bonne création! 😀

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